SIAU

Retrouvez SIAU sur :

Écoutez SIAU sur :

SIAU

Album "Superama" disponible !

Dès l’ouverture, le ton est donné : le disque sera voltigeur, allant et venant entre ciel et terre, ombre et lumière. Décadenassé aussi fréquemment du traditionnel couplets-refrain, orchestral, riche en ruptures rythmiques et en efflorescences chromatiques. Un point de départ qui se niche dans une perte de repères consécutive à la fin d’une longue idylle amoureuses survenue à la fin 2018. Superama, dont il a ôté le « s » du mot initial, comme un clin d’œil à cette concentration incalculable de groupes et d’amas de galaxies. Superama comme cette ville imaginaire dans laquelle le maire serait David Bowie et les adjoints, le groupe Air. Superama comme une allégorie de son introspection profonde. Superama comme l’envol définitivement affirmé de Siau, nom qu’il tire des deux premières lettres de son prénom et son nom, en l’occurrence Simon Autain. C’est d’ailleurs sous son patronyme originel qu’il publie un premier EP éponyme en 2014. L’Héraultais d’origine, qui a touché son premier synthétiseur à l’âge de neuf ans, marche alors dans le sillage piano-voix d’un Pierre Lapointe. Mais pas d’album dans la foulée à la suite de la disparition de son label. Le garçon décide de déchirer sa carte d’adhérent à la chanson française pour s’ancrer dans une quête d’exploration du son, des arrangements et des techniques d’enregistrement. Découvre tout un pan de la musique électronique, les Bon Iver, Jame Blake, Flavien Berger… Ce savoir-faire dans la composition et la production, il le met également au service des autres (Lonny, Elias Dris, Roma Luca).

En solo, derrière ses machines, Siau repart presque à zéro. Séduction immédiate dans les tremplins auxquels il participe. Puis un EP (A la lueur), odyssée tractée par le souffle aussi hypnotique que glaçant de Ce soir je sors, des premières parties qui ont fière allure (Arno, Gaëtan Roussel, Cascadeur) et un accompagnement du chantier des Francofolies de la Rochelle pendant deux ans. Là-bas, il fait sauter quelques verrous et surtout se constitue un entourage professionnel.

Sur ce premier album enregistré dans les Landes au studio Shorebreaker, Siau s’est détaché de l’autarcie suave et a choisi l’option « avec bagages ». Autour lui l’ingénieur du son Johannes Buff (Herman Dune, Lee Reenaldo de Sonic Youth) et une solide armée de musicien(ne)s composée d’Amaury Ranger, Félix Buff, Noé Russell, Swanny Elzingre (également à la batterie sur scène) et Vianney Desplantes. On y retrouve une électro- acoustique nimbée de poussière atmosphérique et d’affaires émotionnelles bien terrestres. Ici, une écriture sensitive, peu bavarde et caressée à l’aquarelle évanescente. Dans ces chansons pleines d’échardes et de bords tranchants, il est question de la fête de trop (Dernier détour), d’abolition des liens sociaux (Brûler la maison), de larmes avalées (Pleurer), d’âme rebranchée (Electricité), de quête de confiance (L’étoile), de sentiments contradictoires (Est-ce qu’on deviendra fou ?). L’album sort régulièrement des canevas, des habitudes, joue de l’épopée cotonneuse plutôt que de l’urgence. Il y a aussi Plus aucun cœur pour aimer, morceau de rancœur dont l’irrésistible refrain pop eighties décolle à la verticale. Il y a encore un tuba qui souligne l’élégante courbure mélodique de Glitch. Il y a enfin Siau, réfugiée dans cette bulle réparatrice et plus que jamais disposé à jouir librement de lui-même.

Fermer le menu