PALATINE

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PALATINE

Album "Phantômaton" disponible ! YOTANKA

Déjà reconnaître à Palatine un art décidément exquis pour l’originalité troublante du titre des ses livraisons discographiques.

Empreinte encore davantage prégnante depuis l’hiver et Talismanie, recueil réflexive et cathartique de cinq morceaux sur les femmes et les contours changeants de leur représentation. Et se rappeler aussi soudainement de Bâton Rouge, chanson éponyme du premier EP, de son clip d’animation – réalisé par Vincent Ehrhart-Devay, voix et auteur du groupe – où surgissent des fantômes croi- sées dans les méandres du Mississippi. Le garçon, par ailleurs guitariste et dessinateur-graphiste hors pair, aurait-il un sérieux penchant pour les ectoplasmes ? Il dit pourtant ne pas croire à ces revenants-là. Juste à ceux qui s’incrustent et s’insinuent dans les synapses. Intimes, habités et de l’intérieur.

Quatre ans après Grand Paon de Nuit, ce deuxième album à la tonalité introspective s’appelle Phantômaton et on en déduira vite l’idée d’instantanés, de collages, de photos miniatures. Ici, les chansons s’enferment dans un tête-à-tête avec les fantômes.

Visite nocturne sous couvert de mélancolie joyeuse (I waltz unseen) ou projection d’un spectre à venir (Les glaces ou le feu). Palatine n’est pas ce pèlerin recueilli sur une route arpentée par tant d’autres avant lui. Il ne cesse de creuser, dans les ronces et les fougères, son propre chemin. Sa musique garde cette profondeur de champ qui la distingue des vignettes classiques du folk-rock. Mutante et à la tension nébuleuse, sensitive et aux relations harmoniques ambitieuses, impression- niste et sur le qui-vive.

Dicile de rester insensible à ce Château lointaine introductif, blues languide et psyché sous haute influence Connan Mockasin et encerclée de haies brumeuses. Un lieu refuge pour donner à sentir les sensations les plus furtives et s’échapper de la réalité. Toujours cette ivresse de la fuite sur un Calice, chanson à double vitesse portée par une section rythmique qui réveille les lucidités endor- mies. On a souvent répété que Palatine œuvrait dans une veine en droite ligne de Timber Timbre. Possible d’y ajouter à l’écoute de Ma peau, vision symbolique du tatouage, James Blake. Guitares, basse, batterie se tiennent en respect, se pliant à l’arbitrage nouveau des synthés modulaires (Killer Moon, Orée). La touche Thomas Poli, ingénieur du son et musicien hors pair qui a réalisé ce disque enregistré au studio Black Box.

Souvent à califourchon entre les deux langues, Palatine donne cette fois-ci une majorité quasi-ab- solue au français sur l’anglais. Une démarche aussi inconsciente que celle de l’écriture, au scalpel, cryptique et comme trempée dans l’encre des soirs. Qui s’autorise une ironie mordante sur la notion de succès (La sentinelle amadouée), thème rarement exploré au-delà du rap. Ou une per- cée nocturne autour de la voiture et l’endormissement (Go fast), obsession assumée d’un Vincent Ehrhart-Devay dont la majesté du chant n’en finit pas d’envoûter, d’ envelopper et d’enrichir la trame mélodique.

Hanté peut-être ce Phantômaton mais sacrément tentant.

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